Parmi les sujets à aborder sur le blog, la réduction mammaire se trouve en tête de liste. J’ai songé à l’aborder dès la création de Slow Bra. J’ai même songé à y avoir recours, car vivre au quotidien avec une forte poitrine n’est pas toujours évident.
J’ai donc demandé à Isabelle, qui a fait une réduction mammaire à l’âge de 17 ans, de répondre à mes questions.
Qui es-tu Isabelle ?
J’ai 52 ans. Je suis commerçante à Tours. J’ai 3 enfants.
Quand j’avais 17 ans et que j’étais en première, j’ai été opérée pour une réduction mammaire pendant les vacances de Pâques.
Qu’est-ce qui t’a décidée à te lancer ?
Depuis l’adolescence, vers 14/15 ans, je souffrais d’avoir une très grosse poitrine.
(85 G ou H. Je ne sais même pas. Je ne trouvais pas de soutien-gorges à ma taille).
Mes seins étaient clairement disproportionnés par rapport à ma corpulence mince.
Il y a eu quelques moqueries très blessantes en 3ème, les regards des hommes dans la rue, voir des remarques à voix haute.
Trouver un maillot de bain pour aller à la piscine était compliqué.
Je faisais beaucoup de danse et, là, c’était encore plus compliqué : j’ai refusé de participer à un spectacle parce que le justaucorps choisi par notre prof ne me permettait pas de me sentir à l’aise, mes seins avaient l’air encore plus gros.
J’ai abandonné la danse cette année-là.
J’ai parlé de ces problèmes avec la gynéco de ma mère, et elle m’a parlé de l’opération et, surtout, d’un chirurgien en qui je pouvais avoir confiance, dont c’était la spécialité.
Est-ce que tu as eu des doutes ou des hésitations ?
Absolument aucunes !! À partir du moment où j’ai su que c’était possible, j’ai trouvé que l’opération n’arrivait pas assez vite.
Comment s’est passée ta première rencontre avec le chirurgien ?
Très bien. Il m’a dit qu’il comprenait que je veuille l’opération mais il ne m’a pas spécialement encouragée.
Il m’a même dit que certains hommes « aimaient beaucoup ça », les fortes poitrines.
Il fallait retirer beaucoup de poids à mes seins. Donc l’opération pouvait être prise en charge par la Sécurité Sociale.
Soit j’attendais 18 mois pour être opérée et tout était intégralement pris en charge, soit il m’opérait plus vite dans une clinique avec un dépassement d’honoraires qui ne serait pas pris en charge.
Mes parents ont été formidables.
Ils savaient que cela était très important et ils se sont débrouillés pour trouver l’équivalent de 1500 euros en l’espace de 2/3 mois alors qu’ils ne roulaient pas sur l’or.
Je ne sais toujours pas comment ils ont fait.
Tu te souviens de l’opération le Jour J ? Comment as-tu vécu cette journée-là ?
J’avais le trac mais j’étais hyper heureuse.
Ma mère m’avait acheté quelques affaires pour que je me sente bien, dont un peignoir, je me souviens.
Au réveil, qu’as-tu ressenti ?
J’ai été très malade pendant 24h. J’avais mal, je vomissais.
Je partageais ma chambre avec une femme qui a été formidable.
Elle m’a simplement tenu la main et je m’en souviens comme d’un réconfort énorme.
J’avais des drains pour évacuer les hématomes.
J’ai pu voir dès le lendemain ma nouvelle poitrine.
Mes seins me semblaient bizarres : très durs, en forme d’obus. Ils ont repris leur forme dans les mois suivants.
Ils se sont assouplis et ont pris une forme plus douce.
Est-ce qu’il t’a fallu du temps pour t’adapter à ta nouvelle poitrine?
Non. C’était tellement ce que je voulais !
J’ai pu avoir des soutien-gorges qui n’étaient pas des soutien-gorges de Mamie.
Une de mes tantes m’a offert un débardeur à bretelles fines. C’était une nouvelle vie.
Qu’est-ce qui a changé dans ta vie après ton opération?
J’ai pu porter les vêtement que je voulais. Acheter un maillot de bains qui me plaisait.
Ne plus m’occuper de mes seins.
À vrai dire, je m’en souviens à peine. Juste ces seins qui me gênaient et me faisaient honte n’étaient plus là et ils ne me manquaient absolument pas. J’ai eu mes premières relations sexuelles l’été suivant. Et, j’oublie toujours que mes seins ont été opérés.
Il m’est arrivé de prendre une douche ou de me changer devant d’autres femmes / copines et, en sentant leur regard, de dire: “ Ah oui ! Au fait, on en a jamais parlé….”
Est-ce que la réduction mammaire a entraîné certains inconvénients?
J’ai dû faire attention aux cicatrices pendant quelques mois : pas de sport, un soutien gorge très “soutenant”, puis éviter le soleil à mes cicatrices pendant 12 mois.
De toutes manières, je ne me mettais pas seins nus même si c’était la mode à la plage à l’époque.
Je n’ai pas pu allaiter mes enfants, contrairement à ce que m’avait dit le chirurgien.
Les sage-femmes m’ont confirmé que c’était fréquent.
Peut-être que les techniques chirugicales ont évolué depuis.
Quelle relation entretiens-tu avec ta poitrine aujourd’hui ?
Ma poitrine a bien traversé les années ! Mes seins ont re-grossi car j’ai pris un peu de poids et je les trouve à nouveau un peu trop gros. Je serais prête à recommencer.
35 années plus tard, qu’est-ce tu dirais à la Isabelle qui voulait faire cette opération ?
Fonce ! Tu ne le regretteras pas un seul instant. Mais je crois qu’elle n’aurait pas besoin de mes encouragements !
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Image mise en avant: @roseenglandlondon (Instagram)