5 leçons puissantes par Chidera Eggerue

Chidera Eggerue est une auteure, activiste, modèle britannique d’origine nigériane, qui a grandi dans le quartier de Peckham, au sud de Londres.

Chidera, ne supportant pas sa poitrine, avait pour objectif de subir une opération chirurgicale à l’âge de 18 ans. « Je me disais que j’allais me faire refaire les seins, et que je ne serai alors plus jamais triste à cause de mes seins ».

Jeune adulte, elle change d’avis, convaincue que ce n’est pas une opération chirurgicale qui lui permettra de s’aimer. Elle milite pour la représentation de tous les corps, et encourage les femmes à s’aimer telles qu’elles sont

Voici 5 leçons puissantes à retenir de son parcours.

Chidera Eggerue par Rachel Sherlock Photography pour Office Magazine

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I. La Mode doit être pour tout le monde

Sur le chemin de l’acceptation de son corps, Chidera Eggerue lance son blog de mode : the Slumflower.

Le but ? Promouvoir un style abordable et proche de la réalité de son quotidien, aux antipodes des blogueuses modes traditionnelles aux looks hors de prix.

« Cela fait clairement partie de moi de lutter contre les normes sociales. Les blogs de mode en étaient à leurs débuts, et je n’y trouvais que des femmes blanches, riches, avec le même style : le long manteau camel, les vestes biker, les chapeaux fedora et le sac Boy de Chanel.

Je n’avais pas l’impression qu’il y avait d’autres personnes pauvres comme moi à l’époque. Je voulais juste trouver quelqu’un qui portait ce que j’étais en mesure d’acheter. Je voulais vraiment entrer en connexion avec des gens et utiliser mon blog comme moyen de lancer des conversations importantes que je ne pensais pas pouvoir lancer ailleurs ».

Ses publications ne se limitent toutefois pas aux vêtements : Chidera utilise sa plateforme pour aborder différents sujets de société qui lui tiennent à cœur (le racisme et le sexisme, en autres).

@theslumflower (Instagram)

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II. Les poitrines tombantes comptent #SaggyBoobsMatter

Chidera Eggerue en a marre du mouvement No Bra, qui prône l’arrêt du soutien-gorge et l’acceptation de sa poitrine « au naturel », mais ne représente que les femmes ayant une petite poitrine, qui ne tombe pas de surcroit.

Elle s’indigne du fait que l’abandon du soutien-gorge soit plébiscité pour certaines poitrines mais pas d’autres :  « On me disait : ‘‘ça bouge trop. On peut voir tes tétons. Ça ne va pas. Couvre toi’’ ».

Agacée par ce type de commentaires désobligeants, en octobre 2017, Chidera Eggerue fait le buzz en postant une photo d’elle, accompagnée du hashtag #SaggyBoobsMatter (littéralement, « les seins tombants comptent ») et du message suivant :

« Comment habiller une poitrine tombante :

  1. Porte cette foutue tenue  
  2. Rappelle-toi d’en avoir rien à faire. Tout le monde meurt un jour. »

Ses photos suscitent des milliers de likes et de partages. Le hashtag #SaggyBoobsMatter et repris par des femmes du monde entier qui veulent à leur tour affirmer le fait qu’elles aiment leur corps tel qu’il est.

Car, oui, nombreuses sont les femmes, jeunes ou moins jeunes, qui ont une poitrine tombante. Et il n’y a aucun mal à cela.

Lorsque Chidera est interrogée sur l’emploi du mot « saggy »  (« tombant »), son message est clair : il faut se réapproprier cet adjectif, auquel on a donné une connotation négative. Les seins tombants, il n’y a rien de plus normal !

« En cette journée internationale des droits des femmes, mon amour est va aux femmes qui ont allaité des enfants, aux femmes qui ont survécu au cancer du sein, aux femmes qui ont perdu du poids et perdu en volume au niveau des seins aussi, aux femmes qui ont eu une pose d’implants/une réduction, et aux femmes qui sont tout simplement nées avec des seins tombants. Peu importe à quoi ressemblent vos seins, ce sont les VÔTRES et vous ne devez d’avoir les seins fermes à personne, à moins que VOUS vouliez changer cela, et il n’y a pas de mal à ça. (La chirurgie n’est pas totalement l’ennemi ici : c’est plutôt le PATRIARCAT). #LesSeinsTombantsComptent »

@theslumflower (Instagram)

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III. L’alopécie n’est pas un fléau

Chidera Eggerue est atteinte d’alopécie, qui provoque une perte importante de cheveux.

Pour mettre en lumière cette situation, Chidera anime un documentaire sur une chaîne britannique dans lequel elle interroge des spécialistes de la question mais également des personnes concernées, qui ont eu recours à une greffe capillaire ou s’apprêtent à y recourir.

Le 24 mars 2019, elle se livre au sujet de son alopécie :

« J’ai une pathologie qui s’appelle l’alopécie de traction (merci de ne pas me proposer de remèdes/solutions. Je m’aime comme je suis) et cela ne m’empêche pas d’être une 10/10, une déesse divine, une femme forte, car je le dis et je ne dois à personne d’avoir une ‘implantation au top’ (des baby hair lisses) – ce qui, si on est vraiment honnêtes, est une célébration qui est encore enracinée dans l’afrophobie, parce qu’on sait que les personnes qui ont les cheveux les plus crépus (qui ont tendance à avoir les peaux les plus foncées) ne peuvent souvent pas avoir cette implantation, et cela ne devrait pas être une référence en matière de beauté noire ».

Vicky Grout pour The New York Times

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IV. De l’importance de faire de soi une priorité

En 2018, Chidera sort son premier livre « What a time to be alone », Ode à la solitude et à l’amour de soi. L’objectif : apprendre à s’aimer, en dehors du regard des hommes et de la société.

« Le but de ce livre est simplement de tenir un miroir en face de vous et de vous donner l’opportunité de vous observer ; il ne vous réparera pas. Il vous encouragera à vous ressaisir de votre pouvoir et à prendre votre vie en main ».

Penser à soi avant de penser aux autres. Un message simple, classique, mais encore nécessaire. « Quand on dit aux gens de faire de soi une priorité, ils ont souvent peur de cette idée car faire de soi une priorité signifie souvent décevoir d’autres personnes » ; « Vous apprenez dans la vie que si vous voulez aller loin, vous allez décevoir des gens – surtout ceux que vous aimez ».

Coloré et rempli de proverbes Igbo – une ethnie du sud-est du Nigéria, d’où sa mère est originaire, le livre se veut accessible. Les pages n’y sont pas numérotées, pour que chacun puisse le lire comme bon lui semble, sans avoir de sens lecture à respecter.

Le livre est conçu comme une alternative aux livres de développement personnel traditionnels, dans lesquels Chidera ne se retrouvait pas : « en tant que personne noire, quand je lisais des livres de développement personnel qui me disaient ‘‘ Quitte ton boulot et voyage’’, je me disais ‘‘Vraiment ? je ne pense pas que je puisse me permettre ça…’’ Cela donne le sentiment de ne pas être assez bien – pas assez zen. Je ne voulais pas que mon livre soit comme ces livres. Ils ne sont pas si terribles, mais ils n’apportent pas de solutions immédiates ».

Son dernier livre « How to get over a boy », paru en février dernier, s’inscrit dans la même voie.

« J’espère que ce livre aidera ceux qui traversent une rupture à profiter de l’opportunité du célibat et retirer quelque chose de positif de cette expérience. Il n’y a pas de bon ou mauvais moment, mais c’est un message qu’on doit faire passer ».

Chidera Eggerue par Rachel Sherlock Photography pour Office Magazine

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V. Et penser à son plaisir avant tout

Faire de soi une priorité dans la vie, et de son plaisir une priorité au lit.

Chidera Eggerue s’est récemment associée à la marque de préservatifs Durex pour faire la promotion d’un lubrifiant, avec le message suivant : près de 75% des femmes britanniques ressentent une gêne dans leur sexualité en raison notamment de sécheresses intimes ; la solution : un bon lubrifiant, mais avant tout communiquer avec son/sa partenaire, et savoir penser à son plaisir avant tout.

« Faites de votre joie et votre bien-être une priorité. Demandez plus parce que vous méritez plus. Refusez d’accueillir ce qui n’apporte pas de valeur ajoutée à votre vie. Soyez prêts à laisser derrière vous les personnes qui vous font douter de votre réalité ».

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Lila

Sources :

https://www.theguardian.com/lifeandstyle/2018/jul/11/writer-chidera-eggerue-on-what-saggyboobsmatter-is-really-about

http://officemagazine.net/chidera-eggerues-guide-getting-over-boy

https://memiah.co.uk/2018/09/17/chidera-eggerue-never-shrink-yourself-for-anybody/

https://www.bustle.com/p/the-slumflowers-chidera-eggerue-on-banishing-uncomfortable-sex-why-female-pleasure-matters-15917598

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