Mélissa: Du bonnet B au bonnet I

La relation que j’ai avec ma poitrine a été très longtemps compliquée. Je viens d’une famille où toutes les femmes ont une très forte poitrine. J’ai donc commencé à avoir des seins lorsque je suis entrée en CM1.

En primaire

J’étais évidement la seule de mes copines dans ce cas, et atteindre la puberté avant l’âge est une situation très gênante pour une petite fille de 8 ans.

Je me suis acheté seule mes premières brassières en CM2. Je cachais les bretelles pour que personne ne voie que j’en portais, et pour éviter d’attirer l’attention. 

L’entrée au collège

En 6ème, à l’entrée au collège, j’ai commencé à être sexualisée par les garçons du collège ou par les hommes dans la rue.

La situation est devenu beaucoup plus compliquée quand je suis entrée en 5ème. J’ai changé de collège, et en tant que nouvelle, j’étais La Nouvelle à la forte poitrine dont tout le monde parlait.

J’ai d’ailleurs subi cette année là des remarques, et des gestes déplacés de la part d’un de mes professeurs. 

Je commençais à être « matée », harcelée sexuellement, et à être suivie dans la rue quand je rentrais de l’école.

En 4ème, ma mère m’a aidée a trouver ma taille dans un magasin, où nous avons découvert que je faisais un bonnet E (jusqu’à ce jour, je portais un bonnet B beaucoup trop petit).

La même année, je suis également allée à la piscine municipale, où beaucoup d’élèves de mon collège étaient présents.

Ce jour là, en rentrant chez moi, je me suis promis que c’était la dernière fois que je faisais apparition dans une piscine publique. Tous les regards, filles ou garçons, étaient sur ma poitrine.

De retour au collège, les élèves présents n’arrêtaient pas d’en parler, et de raconter aux absents combien ma poitrine était grosse.

En 3ème, j’ai commencé à être plus pudique, je couvrais plus ma poitrine et je subissais moins de remarques et de harcèlement. Mais ma poitrine n’avait cessé de grossir et je faisais désormais un bonnet F. 

Les années lycée

A l’entrée au lycée, j’étais également plus pudique, mais ma forte poitrine se remarquait quand même, et les élèves de ma classe en parlaient. Cette année là, j’ai atteint le bonnet G.

Durant les vacances d’été qui ont suivi l’année de seconde, je suis allée me baigner dans un lac , en famille. Une dame est venue me parler de ma poitrine:

« Excuse moi, tu peux me dire quelle taille de soutien-gorge tu fais? J’ai fait un pari avec mon mari; on essaye de deviner ta taille ».

J’étais vraiment dégoutée.

Puis, en première, j’essayais de m’assumer un peu plus: je pouvais mettre des hauts moulants, des décolletés… mais en retour je subissais énormément de remarques et de blagues.

L’événement du lac m’avait fait me décider à aller voir une chirurgienne esthétique pour une réduction mammaire. Je suis assez mince et je voulais avoir des seins plus « proportionnés » au reste de mon corps.

Mais pour que l’opération soit remboursée, il fallait me faire retirer un trop grand nombre de grammes de glande mammaire, qui m’aurait fait perdre 5 bonnets. Cela me paraissait inimaginable. Ma poitrine faisait partie de moi et en changer aussi radicalement ne me convenait pas. 

Lors de ma première histoire amoureuse, en terminale, je suis devenue extrêmement pudique. J’étais tout le temps très couverte, pour ne plus attirer le regard des autres hommes sur mon corps. 

Après le bac: la libération

Après le bac, ce fut comme une sorte de libération. Je voyais beaucoup moins de monde quotidiennement. J’ai commencé à accepter pleinement ma poitrine, et à assumer mon image. 

Désormais, je suis certaine du fait que ma poitrine telle qu’elle est fait partie de moi, et que pour rien au monde je n’aimerais la faire diminuer. 

J’ai continué à avoir une façon de m’habiller très « pudique », à porter des vêtements amples. C’est le style vestimentaire que j’aime, et ce n’est en rien pour me cacher. Si un jour j’ai envie de mettre un décolleté, ou de porter des vêtements plus moulants, je le ferai sans hésiter (même si je sais que je vais devoir affronter regards et remarques) .

En revanche, ma taille de soutien-gorge a encore augmenté, et je fais désormais un bonnet I. Je ne trouve aucuns magasins ou je peux me procurer un soutien-gorge à ma taille. Je porte donc des brassières uniquement. Elles n’offrent pas un soutien comparable à mes anciens soutien-gorges, mais elles m’aident à accepter mes seins tels qui sont, avec leur forme et leur volume.

Mélissa

Image: @tonckka (Instagram)

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