Ce qu’un piercing au téton m’a appris sur mon rapport au corps

Le désir de me faire percer le téton ne m’apparait pas clairement dans ma mémoire mais je me souviens en avoir beaucoup parlé : “Je vais me faire percer le téton”.

Puis un beau jour, j’ai franchi le cap.

Je m’étais fait percer le nombril un peu sur un coup de tête un an auparavant et je n’avais pas regretté.

J’étais sensible au mouvement « body positive » et à l’idée d’orner mon corps de manière différente, à l’insu de tous.tes.

Insérer quelque chose à l’intérieur de ma peau était aussi “unique”, et peut-être plus décadent, de par sa relative rareté.

Au delà de ça, je l’ai réalisé plus tard, mes autres piercings ont un peu été réalisés sur un coup de tête, une manière de maîtriser mon corps de façon brute, quand je le décidais.

Le moment fatidique est arrivé

Le Jour J, j’ai donc passé la porte du perceur qui m’avait été conseillé.

D’abord, l’amie qui m’accompagnait s’était fait percé le nez. Puis mon tour est arrivé.

Crac”. J’entends ma peau qui se perce.

Puis le soulagement: “ça ne fais donc pas mal !”.

Le perceur me reprend, “attends je n’ai pas mis le bijou”.

Puis une douleur intense s’empare de mon téton, le temps que la barre métallique passe de l’orifice à l’autre, et se transforme en chaleur extrême pendant 48h.

J’ai mal… mais je suis heureuse.

Je rejoins ma copine et je suis trop contente, trop fière.

Le pourquoi

Avec du recul, j’ai essayé de me souvenir des raisons qui m’avaient poussée à le faire, et je m’étais souvenue d’une conversation avec mon ex qui m’avait dit qu’il adorait ça.

Inconsciemment, sa validation et son opinion, que j’estimais, avaient peut-être joué un rôle dans le développent de ce projet.

Mais peu importe. Je me suis retrouvée percée au téton.

La cicatrisation

Corrélation ou non, ça n’a jamais été l’amour fou. Je trouvais ça magnifique dans le miroir, mais impossible de cicatriser, et je n’avais bien sûr pas suivi à la lettre les recommandations d’entretien.

J’appris plus tard quelle perceur m’avait inséré le mauvais bijou, puis q’u’un autre l’avait remplacé avec le mauvais, toujours.

Puis un soir, s’étant accroché dans mon body que je portais sans soutien-gorge, l’endroit qui n’avait pas cicatrisé s’était brutalement mais légèrement déchiré, et saignait.

Cela mis fin à cette aventure car je décidai de le retirer.

Fini les prises de tête, et un téton ou un bijou ne me définissaient pas.

Changement de regard

En plus, j’avais choisi aléatoirement le côté où j’allais être percée, et je m’étais retrouvée avec un bijou sur mon sein le plus gros, et donc celui qui tombe le plus, ce qui dans le miroir, je trouvais, accentuait la grosseur de celui-ci.

En tout cas c’était celui que je regardais le plus, et j’étais persuadée d’avoir maintenant des seins disproportionnés.

J’avais commencé à réfléchir à me faire percer le second pour y remédier mais étant donné les galères de cicatrisation que ça m’avait valu, et la douleur du perçage, je n’étais jamais passée à l’action.

Ce piercing m’a valu des remarques, positives comme négatives, souvent non sollicitées. Et quelques déboires, comme un partenaire sexuel qui me suce les tétons alors que la plaie n’a pas cicatrisé.

Des douleurs donc, beaucoup de douleurs.

C’est ce que je retiens de ce piercing, outre l’aspect esthétique.

Mais ce n’est que mon expérience et ce n’est en rien universel. Le perceur que l’on choisit, les connaissances que l’on a de ce type d’acte sont primordiales, et il est certain que je ne m’y étais pas intéressée.

Finalement, seul passer le cap m’intéressait.

Désormais

Plus tard j’ai réfléchi, et peut-être que ce piercing n’était jamais voué à m’appartenir.

J’ai même imaginé qu’il n’avais cicatrisé car je n’avais jamais lâché prise avec ma romance passée.

Mais il est sûr que je n’oublierai jamais ces péripéties.

Aujourd’hui, je n’ai plus la même relation à mes seins. Je n’ai plus envie de les orner, mais plus de les oublier sous un gros sweat à capuche.

Mon 90D ne me rend pas les choses faciles pour autant. Je m’efforce de les accepter, de les sentir qui bougent, de sentir leur poids sous ma brassière en coton.

En revanche je ne sais pas combien de temps ça va durer.

Je penser souvent à les faire diminuer, voire carrément les enlever.

Entre temps, des questionnements sur mon genre ont continué de transformer mon rapport à mon corps qui ne me fait pas sentir comme à la maison.

Mon conseil

Pour finir, je conseillerais aux personnes qui veulent se faire percer le(s) téton(s) de bien se renseigner sur l’acte en lui même et le processus de cicatrisation.

Je ne conseillerais pas de mûrir ce projet longuement, pas forcément, car le rapport au corps est propre à chacun et qu’on peut tout à fait développer ce projet dans un laps de temps court.

Chacun.e écrit son histoire à sa manière.

Jade

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